Le domaine de la logistique verte a pris énormément d’importance au cours des dernières années.
D’une part, le secteur de la logistique est tenu par des obligations légales de faire sa part d’efforts dans la réduction des émissions de CO2 et de contribuer ainsi à la réalisation des objectifs climatiques de l’Accord de Paris, dont le caractère contraignant a été établi par l’UE dans le cadre d’un accord international en 2015. Les conséquences de cet engagement sont les suivantes : d’ici 2030, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites d’au moins 40 % par rapport aux niveaux de 1990 ; une exigence que les législateurs des États membres ont transposée dans leur droit national.
La pression exercée sur le secteur de la logistique pour qu’il agisse de manière écoresponsable s’accroît non seulement sur le plan juridique, mais aussi sur le plan sociétal, et concerne plusieurs champs d’action de la logistique verte.
Une étude publiée dans le magazine allemand « Logistik heute » sur la durabilité et la transparence a passé au crible les préférences d’achat des consommateurs. Le résultat est sans appel : 71 % des consommateurs privilégient les produits durables si les commerçants garantissent une transparence totale, non seulement au niveau de la production à proprement parler, mais aussi tout au long de la chaîne logistique. La logistique verte apporte un élément de réponse à cette problématique, dans la mesure où elle assure un suivi transparent des émissions polluantes et propose des solutions alternatives concrètes. Pour ce faire, elle vise à instaurer des processus écologiques et durables dans les entreprises..
ILa première étape consiste à mesurer concrètement les émissions polluantes générées tout au long de la chaîne logistique, et ce, jusqu’à l’acheminement sur le dernier kilomètre. L’étude de l’empreinte écologique, aussi appelée « empreinte environnementale » se concentre aujourd’hui principalement sur le gaz à effet de serre que constitue le CO2. Les émissions de ce gaz sont particulièrement faciles à calculer, même si d’autres gaz néfastes pour le climat sont bien sûr générés tout au long de la chaîne logistique. Néanmoins, l’empreinte carbone constitue aujourd’hui une mesure significative du bilan écologique qui indique la somme totale des émissions de dioxyde de carbone en grammes, kilogrammes ou tonnes qu’un produit ou un service génère.
L’étude des émissions de CO2 mesurées n’est qu’une des dimensions prises en compte dans la logistique verte. Le long des itinéraires que parcourent nos marchandises, il existe de nombreuses autres ressources naturelles qu’il convient de protéger. Les navires de fret ne doivent pas rejeter de déchets dans les océans ou les fleuves, et les effets des processus de livraison sur les sols et les réserves naturelles doivent être minimisés. Mais ce n’est pas tout : les nuisances sonores doivent elles aussi être réduites. Ainsi, la logistique verte essaie toujours de choisir la meilleure alternative écologique ou la meilleure alternative possible dans chaque dimension, par exemple en ayant recours à des moyens de transport respectueux de l’environnement, en optimisant la planification des itinéraires et des tournées de livraison, ou en concevant des installations de stockage durables.
La tarification des émissions de CO2 en vigueur depuis le 01.01.2021 montre que la transition vers des modèles d’affaires durables et une logistique verte n’est pas seulement bénéfique sur le plan écologique, mais aussi sur le plan économique. Avec l’augmentation des prix du CO2, les entreprises qui produisent beaucoup de CO2 sont sanctionnées économiquement. En d’autres termes, économiser du CO2 est rentable et constitue à bien des égards un avantage concurrentiel pour les entreprises de logistique et de commerce.
Alors, comment la logistique verte peut-elle être concrétisée et quelles sont les solutions envisageables pour la livraison sur le dernier kilomètre ? Le professeur Kai-Oliver Schocke du laboratoire de recherche sur les transports urbains de l’Université de Francfort (Research Lab for Urban Transport, ReLUT) planche sur le futur de la livraison sur le dernier kilomètre. Vous trouverez une description des cinq tendances principales qu’il dégage dans notre article sur les perspectives d’avenir de la logistique sur le dernier kilomètre.
Une chose est claire : les efforts déployés dans le secteur de la logistique visent tous à rendre la phase du dernier kilomètre plus respectueuse de l’environnement, et c’est une évolution réjouissante. Quels sont les concepts envisagés pour rendre la logistique durable et écologique sur le dernier kilomètre ?
La logistique verte commence par des emballages respectueux de l’environnement. Moins on utilise de matériaux d’emballage, mieux c’est. Et moins le nombre d’emballages néfastes pour le climat est élevé – par exemple, le polystyrène difficilement dégradable ou les films multicouches difficilement recyclables en raison de la multiplicité de leur composition –, mieux c’est.
Les matériaux d’emballage fabriqués à partir de vieux papier avec une forte teneur en matières recyclées, ainsi que les matériaux d’emballage compostables fabriqués à partir de déchets agricoles ou forestiers tels que la laine de bois, par exemple, constituent de bonnes alternatives. Vous trouverez une bonne vue d’ensemble des matériaux d’emballage durables sur le site du Ministère fédéral allemand de l’environnement.
La ville de Dortmund montre l’exemple et s’est engagée à assurer une distribution de colis respectueuse du climat. En effet, la municipalité prévoit notamment de tester un modèle pilote de micro-dépôts, dans lesquels des services de livraison seront hébergés, et les colis seront transbordés par des moyens de transport respectueux du climat pour leur distribution finale dans la ville. Cela peut sembler compliqué, mais c’est très pratique. Actuellement, les transporteurs de colis participants, UPS, DPD, GLS et Amazon Logistics, transportent leurs marchandises dans des conteneurs maritimes réutilisés dans le micro-dépôt temporaire et les transbordent ensuite par des moyens de transport respectueux du climat, tels que des vélos-cargos, pour la phase de distribution finale dans la ville sur le dernier kilomètre. Voilà un projet susceptible de créer un précédent et de contribuer à rendre plus durable la logistique du dernier kilomètre.
Le terme de micro-dépôts, ou micro-hubs, désigne des locaux ou des installations de stockage intermédiaire non stationnaires où les marchandises peuvent être entreposées et transbordées par des moyens de transport écologiques, tels que des vélos-cargos ou des chariots de transport. L’accent est donc mis ici sur le « tout dernier kilomètre » et sur l’objectif de rendre ces derniers mètres jusqu’au pas de porte du destinataire aussi durables que possible. Ces concepts d’avenir s’étendent même à des solutions qui envisagent la remise de colis directement dans le coffre de la voiture du destinataire, comme le montre un projet pilote prometteur. Les clients d’Amazon qui conduisent une Audi et vivent à Munich peuvent ainsi déjà essayer cette méthode innovante de livraison de colis.
En encore, il n’y a même pas besoin d’aller vers des projets aussi futuristes : les consignes automatiques, déjà très populaires, constituent elles aussi une certaine forme de micro-dépôts.
Quel est le rapport entre le délai de livraison et la conception durable de la livraison et quelle est son incidence dans le cadre de la logistique verte sur le dernier kilomètre ? Le décalage des livraisons vers la nuit permet de réduire le trafic pendant la journée, le risque de congestion des axes routiers et les émissions de CO2 qui y sont associées. Selon une étude de McKinsey, environ 21 % des embouteillages peuvent être évités de cette manière. En outre, les livraisons peuvent être effectuées plus rapidement la nuit, et les démarrages et freinages gourmands en énergie sont réduits. Dans le domaine de l’électromobilité, le recours à un modèle d’opération nocturne présente également des avantages, dans la mesure où la consommation globale d’électricité est moindre la nuit et où le courant de crête n’est pas sollicité. La gestion des délais de livraison associée à la mise en place de micro-dépôts tels que des consignes automatiques s’avère par conséquent une solution très efficace pour la concrétisation d’une logistique verte.
Les trajets maritimes, aériens et ferroviaires de longue distance peuvent difficilement être réduits compte tenu du groupe de marchandises. Cela dit, les véhicules électriques, qu’il s’agisse de voitures, de vélos ou de scooters électriques, ont le vent en poupe et un véritable rôle à jouer dans la logistique du dernier kilomètre. Encore mieux : de plus en plus d’entreprises de livraison ont recours à des moyens de transport au bilan carbone neutre sur le dernier kilomètre, par exemple des coursiers à vélo. Une évolution encourageante sur la voie de la décarbonation.
Comment optimiser les tournées de livraison afin de réduire les distances totales parcourues, de générer moins de CO2 et d’éviter les trajets à vide ? Tel est le terrain de travail des professionnels de la logistique comme Seven Senders et des logiciels intelligents qui permettent une planification continue des tournées de livraison. Les solutions logistiques numériques constituent en ce sens un vecteur essentiel de la logistique verte.
La livraison sur une plage horaire définie, qui ne cesse de gagner en popularité, notamment dans le commerce en ligne, constitue un levier majeur de durabilité et un facteur de commodité non négligeable, pour les clients comme pour les commerçants. Une boutique en ligne peut ainsi promettre à ses clients un délai de livraison précis grâce à l’optimisation de ses processus logistiques. Le client peut suivre la progression de la livraison et a la garantie de pouvoir la réceptionner à son domicile. L’avantage est que les marchandises arrivent au moment où le client est disposé à les recevoir, au lieu d’être déposées chez un voisin ou à un point de collecte potentiellement distant de plusieurs centaines de mètres ou – dans le pire des scénarios – d’être renvoyées à l’expéditeur.
En fin de compte, la règle suivante reste toujours valable : le meilleur et le plus durable des derniers kilomètres est toujours celui qui peut être complètement évité.